Résumé :
« C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort – comme une esclave, comme un chien –, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l’amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d’une femme épanouie. »
Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer. L’être aimé objet d’une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d’une femme qui se meurt doucement, sans s’apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu’elle admire plus que tout. La voix d’une femme qui s’est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l’a reconnue. Avec Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l’analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d’une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolu
Mon avis :
La lettre d’une inconnue.
L’histoire d’une femme, cette femme dont on ne connaîtra jamais le nom. Cette femme amoureuse. D’un amour total, passionnel et désintéressé. Un amour fou et sans limite , un amour incompréhensible. Pour cet homme qui ne sait même plus qui elle est. Elle aura vouée toute sa vie à cette homme, refusant de se mariée pour être toujours à sa disposition. Cette déclaration d’amour est incroyable. Cette femme, au bout de plusieurs années lui avoue enfin son amour fou qu’elle éprouve pour lui. Elle s’est donnée entièrement à lui, sans jamais lui dire, sans jamais lui demander quelque chose en retour. Pendant toute sa lettre on sent qu’elle meurt doucement, qu’elle n’en peut plus. Mais elle ne s’apitoie pas sur son sort, elle ne lui en veut pas non plus de ne jamais s’être souvenue d’elle. C’est le témoignage de grands sentiments et de passion. On ressent beaucoup de peine pour cette femme prisonnière d’un amour impossible. C’est une histoire tragique, passionnelle, romantique. Bref, une merveille.
Extraits :
« C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort – comme une esclave, comme un chien –, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l’amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d’une femme épanouie. »
« Rien n’existait pour moi que dans la mesure où cela se rapportait à toi; rien dans mon existence n’avait de sens si cela n’avait pas de lien avec toi ».
« Tu ne me reconnus pas, ni alors, ni jamais : jamais tu ne m’as reconnue. Comment, ô mon bien-aimé, te décrire la désillusion que j’éprouvai en cette seconde ? Je subissais alors pour la première fois cette fatale douleur de ne pas être reconnue par toi, cette fatale douleur qui m’a suivie toute ma vie et avec laquelle je meurs : rester inconnue, rester toujours inconnue de toi. […] dans mes heures les plus noires, dans la conscience la plus profonde de mon insignifiance, je n’avais pas même osé envisager cette éventualité, la plus épouvantable de toutes ; que tu n’avais même pas porté la moindre attention à mon existence. »